Lors de la conférence Microsoft Build 2025, la société de Redmond a franchi une nouvelle étape majeure dans l’intégration entre Windows et Linux en annonçant que le Windows Subsystem for Linux (WSL) deviendra un projet open source. Cette décision historique marque une évolution symbolique de l’approche de Microsoft envers l’open source et ouvre de nombreuses opportunités pour les développeurs et administrateurs systèmes. Présent depuis près d’une décennie, WSL a profondément transformé la manière dont les environnements Linux sont exploités sur Windows, misant sur la souplesse, la performance et la compatibilité. Désormais, en rendant le code accessible sur GitHub, Microsoft vise à accélérer les améliorations fonctionnelles, étendre la collaboration avec les distributions majeures telles qu’Ubuntu, Red Hat, SUSE ou Debian, tout en conservant certains composants essentiels propriétaires pour garantir une intégration optimale avec Windows.
Cette évolution est significative dans le contexte actuel où la frontière entre les systèmes d’exploitation s’estompe, grâce notamment à la virtualisation avancée, à l’accélération matérielle et à la convergence des outils. Découvrez dans cet article les ramifications techniques, les enjeux de cette transformation open source, ainsi que les perspectives qu’elle ouvre pour les professionnels IT et la communauté Linux sous Windows.
Origines et évolution technique de Windows Subsystem for Linux (WSL) depuis 2016
Lancé lors du Microsoft Build 2016, WSL est né d’un constat : les développeurs sous Windows avaient besoin d’accéder facilement aux outils Linux sans passer par une machine virtuelle lourde et coûteuse en ressources. À l’époque, Microsoft proposait une couche de compatibilité révolutionnaire reposant sur une traduction des appels système Linux en appels Windows grâce à un pilote noyau spécifique appelé lxcore.sys. Cette première version, introduite avec la mise à jour anniversaire de Windows 10, reprenait ainsi l’idée d’une émulation légère pour offrir un shell Bash et plusieurs utilitaires Linux natifs directement sur Windows.
Les premiers retours ont rapidement montré les limites de cette architecture, notamment en termes de performance et de compatibilité avec les charges de travail exigeantes comme le développement d’applications multi-conteneurs, le support complet des outils graphiques ou encore l’usage intensif des systèmes de fichiers. En réponse, Microsoft a dévoilé en 2019 WSL 2, qui se distingue par sa base technique fondée non plus sur un driver de traduction, mais sur la virtualisation complète d’un vrai noyau Linux grâce à Hyper-V. Cette nouvelle mouture a permis :
- Une compatibilité quasi totale avec les applications Linux, incluant les appels système complexes et les interfaces graphiques ;
- L’utilisation directe de la technologie de virtualisation légère intégrée à Windows, offrant un démarrage et une exécution rapide ;
- Le support de l’accélération GPU, permettant de faire tourner des calculs graphiques et des modèles d’intelligence artificielle sur des distributions comme Ubuntu ou Debian ;
- Une meilleure intégration réseau et système de fichiers entre Windows et Linux, notamment grâce aux daemons Linux assurant la gestion du réseau et la redirection des ports.
Grâce à ces avancées, les développeurs et administrateurs systèmes ont pu bâtir des environnements mixtes souples, combinant la puissance de Linux avec les outils familiers de Windows. Ce progrès s’est accompagné d’un support toujours plus étendu de distributions populaires telles que Red Hat, SUSE, ou encore Ubuntu sous différentes versions. WSL 2 est également devenu la base de fonctionnalités avancées, comme l’exécution d’applications graphiques Linux avec interface native Windows et la gestion transparente des opérations sur fichiers inter-systèmes.
Liste des évolutions majeures depuis le lancement de WSL
- 2016 : Présentation de WSL avec traduction d’appels système via pilote noyau (lxcore.sys)
- 2019 : Lancement de WSL 2 intégrant un vrai noyau Linux virtualisé via Hyper-V
- Support progressif des environnements graphiques Linux et accélération GPU
- Amélioration continue des performances et compatibilité des systèmes de fichiers
- Multiplication des distributions disponibles : Ubuntu, Debian, Red Hat, SUSE
- Lancement d’outils en ligne de commande dédiés (wsl.exe, wslg.exe)
Les implications techniques de l’ouverture du code source du projet WSL sur GitHub

La bascule vers l’open source annoncée lors de Microsoft Build 2025 introduit un tournant stratégique. Jusqu’ici, WSL bénéficiait du feedback communauté par le biais de rapports et de propositions, même si son noyau central restait fermé et intégré étroitement dans Windows. Désormais, les développeurs bénéficient d’un accès direct à plusieurs composants essentiels publiés sur GitHub.
Parmi ces éléments rendus publics on trouve :
- Les outils en ligne de commande wsl.exe et wslg.exe qui gèrent l’interaction utilisateur avec les distributions Linux ;
- Les services en arrière-plan tels que wslservice.exe qui orchestrent le démarrage, la gestion des processus et la communication entre Windows et le sous-système Linux ;
- Les daemons Linux dédiés au réseau et au transfert de ports, assurant la connectivité et l’interopérabilité entre les deux environnements.
Cette publication de code va favoriser plusieurs bénéfices notables :
- Accélération de l’innovation et des correctifs grâce à la contribution directe de la communauté qui peut désormais soumettre des améliorations, signaler plus efficacement des bugs ou développer des extensions spécifiques ;
- Transparence accrue sur le fonctionnement interne de WSL, crucial pour les experts sécurité et les entreprises qui déploient des environnements hybrides multi-OS ;
- Possibilité d’adaptation et de personnalisation pour des usages spécialisés, dans le contexte d’infrastructures cloud, de développement embarqué ou encore d’outils DevOps ;
- Meilleure collaboration avec les distributions Linux comme Ubuntu, Red Hat ou Debian, favorisant une intégration optimale des composants et des mises à jour synchronisées.
Cependant, certains composants restent propriétaires et ne sont pas concernés par l’ouverture, notamment les pilotes critiques comme lxcore.sys utilisé pour WSL 1, ou la gestion spécifique des systèmes de fichiers via p9rdr.sys et p9np.dll. Ces choix reflètent la nécessité de maintenir certains éléments enfouis au sein du système Windows pour des raisons de stabilité, compatibilité et sécurité.
Liste des bénéfices techniques attendus de l’open source WSL
- Contributions directes pour correction des bugs et ajout de fonctionnalités
- Meilleure visibilité sur la sécurité du code
- Adaptabilité pour intégrations spécifiques (cloud, IoT, serveurs)
- Collaboration renforcée avec acteurs Linux majeurs
- Outil open source permettant des audits externes et une confiance accrue
Impact de l’open source WSL sur les distributions Linux courantes : Ubuntu, Red Hat, SUSE, Debian
L’annonce du passage de WSL en open source devrait considérablement modifier la dynamique d’intégration des distributions Linux les plus utilisées sur Windows. Ces environnements bénéficiaient déjà d’une compatibilité avancée grâce à WSL 2, mais la publication du code source ouvre la voie à une synchronicité et une coopération renforcée.
Les distributions majeures comme Ubuntu, référence incontournable des développeurs Linux sous Windows, pourront adapter plus finement leur noyau et leurs outils pour tirer pleinement parti des ressources offertes par Windows, que ce soit pour la gestion du réseau, du stockage ou des environnements graphiques via wslg.exe.
Pour les entreprises, bénéficier d’une collaboration directe avec Microsoft facilite la maintenance, l’intégration des correctifs de sécurité et la compatibilité avec les environnements cloud et serveurs. Par ailleurs, ce changement encourage les distributions comme Red Hat et SUSE à optimiser leurs paquets et leurs services pour les paramètres spécifiques à WSL, notamment dans les scénarios de DevOps, de conteneurisation et d’informatique hybride.
En terme d’expériences utilisateur, on peut envisager :
- Une meilleure prise en charge des interfaces graphiques Linux sous Windows, facilitée par des améliorations collaboratives sur WSLg ;
- Des performances accrues grâce à des optimisations spécifiques pour les pilotes de la virtualisation ;
- Une réduction des bugs liés à l’interopérabilité des systèmes de fichiers entre Windows et Linux via l’affinement des services open source ;
- Une intégration renforcée des outils de sécurité et de gestion réseau avec Windows Defender et les politiques de sécurité Windows existantes.
L’élargissement de la participation communautaire devrait permettre à des distributions comme Debian de mieux se positionner en contexte Windows, notamment dans les environnements académiques et de recherche, où la compatibilité et la flexibilité sont primordiales.
Liste des avantages pour les distributions Linux grâce à la transition open source de WSL
- Optimisation et personnalisation avancée des noyaux et outils
- Mises à jour coordonnées et cycles de patchs synchronisés
- Amélioration des performances graphiques et accélération GPU
- Interopérabilité renforcée pour les systèmes de fichiers et le réseau
- Collaboration accrue entre communautés Linux et Microsoft
Conséquences pour les professionnels IT : administration, sécurité et développement avec WSL open source

L’open source du Windows Subsystem for Linux marque un bouleversement important pour les administrateurs systèmes et les développeurs. Pour ces professionnels, la transparence du code source autorise un contrôle plus poussé, des audits de sécurité approfondis et la possibilité de moduler les composants du sous-système.
En administration, cela signifie une meilleure visibilité sur :
- La gestion des processus Linux tournant dans l’environnement Windows, facilitant la détection et le dépannage ;
- L’intégration des profils d’utilisateurs Windows avec les permissions Linux, permettant une gestion unifiée plus fluide ;
- Les politiques de sécurité et sandboxing adaptées aux exigences des entreprises, avec la possibilité de contribuer à leur amélioration ;
- L’automatisation avancée par le biais de scripts améliorés exploitant les outils wsl.exe et wslg.exe.
Pour les développeurs, accéder au code source permet :
- De mieux comprendre l’interaction entre Windows et Linux, affiner leurs workflows en créant des extensions spécifiques ;
- De participer activement à l’amélioration des performances, notamment dans le cadre de projets open source ou d’applications cross-plateforme ;
- D’utiliser des outils personnalisés et collaboratifs issus directement de la communauté WSL sur GitHub ;
- D’intégrer plus aisément les technologies cloud, notamment celles ciblant Azure, mais aussi d’autres plateformes compatibles avec Linux.
La sécurité constitue un enjeu central. Désormais, grâce à la possibilité d’auditer les composants clefs exposés, les équipes informatiques peuvent anticiper et corriger plus rapidement les vulnérabilités. Cela confère également un avantage en termes de conformité, notamment pour les secteurs exposés à des régulations strictes.
Liste des apports pour les professionnels IT grâce à WSL open source
- Contrôle et audit renforcés du sous-système
- Automatisation avancée via des outils en ligne de commande
- Collaboration facilitée avec la communauté et contributions ouvertes
- Amélioration continue des fonctions de sécurité
- Possibilités accrues pour les environnements de développement et cloud hybride
Perspectives d’avenir et innovations possibles offertes par l’ouverture open source du sous-système Windows pour Linux
Cette ouverture du code source du WSL ouvre un nouvel horizon pour le développement, la collaboration et l’innovation technologique. L’accès libre à une partie essentielle de cette infrastructure encourage une évolution plus dynamique portée par la communauté, Microsoft étant en position de coordonner tout en s’appuyant sur des contributions externes diverses.
Sur le plan technique, plusieurs axes d’évolution s’imposent :
- Optimisation des performances : exploits du matériel de pointe, meilleure utilisation des GPU et accélérateurs spécialisés pour traiter des charges de travail lourdes ;
- Intégration cloud native : alignement renforcé avec Azure et autres plateformes cloud via des pilotes et services open source favorisant le déploiement hybride et multi-cloud ;
- Amélioration de la sécurité via des audits externes, contributions de correctifs et renforcement des contrôles d’accès spécifiques à l’environnement mixte Windows/Linux ;
- Expansion des interfaces graphiques et applications multiplateformes grâce à WSLg open source, favorisant un usage au-delà des terminaux classiques ;
- Automatisation et orchestration adaptées aux besoins DevOps, facilitant la gestion des containers, microservices et scriptings avancés avec des outils personnalisables.
Microsoft propose déjà sur wsl.dev une plateforme dédiée pour centraliser la documentation, les contributions, et offrir un espace de collaboration entre développeurs, administrateurs et experts. Cette démarche témoigne de la volonté de faire de WSL une référence incontournable, aussi bien dans l’univers enterprise que pour les développeurs indépendants ou les passionnés de Linux.
Liste des innovations attendues suite à l’open source de WSL
- Nouvelles fonctionnalités accélérées par des contributions communautaires
- Meilleure intégration avec les infrastructures cloud natives et hybrides
- Diversification des distributions Linux compatibles et optimisées
- Développement d’outils graphiques et applications multiplateformes
- Écosystème évolutif autour de la collaboration open source